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Ayant en fait suivi un itinéraire en apparence quelque peu tortueux, voire dispersé, il se trouve pourtant que chaque changement de direction était dicté par le désir d'aller au plus près du vent dans le sens des buts que je m'étais depuis toujours fixés : l'Art et en particulier la musique.

Ainsi, mes études ont débuté à Rouen, se sont poursuivies à Bruxelles dans cette grande école Belge du violon, où je voulais me baigner, et sitôt les diplômes obtenus (dans ce temps là, je croyais encore qu'ils étaient importants !), l'occasion s'étant offerte, je suis parti quelques années en Afrique du Sud dans un orchestre où, à part le fait d'apprendre à mieux connaître les répertoires tant symphoniques que de ballet ou d'opéra (le travail d'orchestre étant quand même moins demandant que celui de la musique de chambre), je comptais faire un peu le point sur ce que j'avais réellement appris, ainsi que sur la manière de l'appliquer.

C'est alors que je me suis rendu compte que je ne savais rien ! oh, bien assez pour jouer dans un groupe de 15 premiers violons, mais certainement pas suffisamment pour jouer une sonate en concert, de la manière dont je souhaitais la jouer.

Il m'a fallu alors deux années pour, en repartant de rien (c'est-à-dire, et en oubliant tout ce que je « savais », poser et descendre un seul doigt à la fois sur une corde, mais le faire de la manière correcte), deux années pour tout reconstruire...

Je me souviens encore de l'époque où déjà bien avancé dans ma recherche, je remettais de l'ordre sur la manière de déplacer la main le long du manche (ce qu'on appelle démancher), de manière à le faire sans raideur, et en utilisant les masses du bras et de la main en rapport avec les lois naturelles de la cinétique, c'est à dire la science des masses en mouvement .

À cette époque, tous les soirs, nous jouions Carmen... et il est bien heureux qu'il y ait eu 14 autres violons qui jouaient les mêmes notes que moi, parce que dans un premier temps, mon attention était plus tournée sur les déplacements de ma main, et de le faire avec une souplesse exagérée au maximum (ce qui certainement ne contribuait pas à la musique) , que vers la musique et l'expression... pauvre Bizet... une des rares fois où je ne me suis pas investi au maximum lors d'un concert, mais le but lointain en valait certainement la peine...

Puis, une proposition m'a été faite pour un poste en Afrique du Sud-Ouest (l'actuelle Namibie), où, à part 10 heures de cours par semaine, le reste du temps devait se passer en 15 heures de répétitions de trio à cordes, et bien sûr des concerts en rapport... le rêve !... J'ai bien sûr accepté. et j'y suis resté quelques années...

Et puis, au moment où je songeais à mon retour en Europe, j'ai reçu encore une fois, une proposition pour un poste de premier soliste en France, dans un ensemble de musique de chambre subventionné par l'état, et dont le répertoire était TOUTE la musique de chambre, depuis la sonate pour instrument seul au dixtuor, et même plus, en passant bien évidemment par les trios, quatuors, quintettes avec ou sans piano... et une moyenne de 80 à 120 concerts par an....

Bien sûr, les bonnes choses ont souvent une fin, et, quelques années s'étant écoulées, après un changement de ministère (et même de gouvernement), quelqu'un s'avisa que nous ne faisions « que » de la musique de chambre. Le « que » avait même été écrit dans l'un des courriers que nous envoyèrent alors quelques inspecteurs du ministère (ajoutant même « qu'il fallait éviter de tomber dans le « piège » de la musique de chambre » !!!)... nous nous bornâmes dans un premier temps, à les renvoyer aux expéditeurs avec les fautes d'orthographe soulignées en rouge, et une note dans le bas de la marge...

« Nous ne subventionnons que la musique symphonique » nous répétait le ministère.

Évidemment, à 2 violons, 1 alto et un violoncelle, plus quelques vents, et même si nous l'avions souhaité, il nous aurait été difficile d'aborder un répertoire symphonique... il est symptomatique qu'on ne se soit rendu compte de cela en haut lieu qu'après plus de 10 années... et il est vraiment regrettable que parmi ceux chargés d'administrer les Arts en général et la musique en particulier, il n'y ait pas eu au moins une personne qui connaisse ne serait-ce que quelques éléments de base sur ce en quoi cela consiste.

Bref après quelques années de démêlés, l'ensemble se transforma en orchestre, et j'y suis encore resté quelques années comme soliste jusqu'à ce qu'on trouve quelqu'un pour me remplacer...

Depuis 1968, j'avais par ailleurs commencé à me passionner, mais en solitaire, pour un problème qui devait en deux décennies transformer la vision que nous avions sur les musiques du passé...

Quelques années auparavant, un ami (nous étions alors tous deux élèves du même professeur au Conservatoire de Bruxelles et en fait, nous avons tous deux, en 1964, obtenu ensemble notre Prix ), un jour qu'il était venu chez moi, mentionna un livre ancien qu'il était en train de lire, et qui me dit-il, donnait des lumières sur l'interprétation de la musique baroque, en contradiction avec presque tout ce que nous apprenions et tout ce que nous entendions alors... il s'agissait d'un livre aujourd'hui bien connu, publié en 1751, par un musicien qui avait aussi été le professeur de Frédéric II de Prusse : J.J. Quantz.

Il mentionna en outre une édition des sonates de Bach pour violon seul par Champeil, qui, se basant sur ce livre mais sur une foule d'autres aussi, expliquait la manière dont on les jouait du temps de Bach.

Tout cela était tombé dans une oreille certainement très intéressée, mais mes préoccupations étaient autres à ce moment. Pourtant, lorsque quelques années plus tard je décidai de reprendre quelques unes de ces sonates, tout naturellement, cette conversation me revint en mémoire, et je décidai de me procurer ces deux ouvrages... le début d'une longue recherche, ignorant par ailleurs que d'autres, en Europe, faisaient la même chose... et ma surprise à mon retour, en 1976, de voir que le phénomène était bien établi, en particulier en Autriche, en Hollande, en Angleterre, et aussi en Belgique, le pays de cet ami, devenu maintenant l'un des héraults de ce retour à la vérité, mais sauf en France, toujours frileuse concernant tout changements aux habitudes centenaires...

Ma recherche m'amena bientôt bien évidemment (1978), à me poser quelques questions concernant la musique de Mozart... d'autres choses me fortifièrent dans cette nouvelle recherche, par exemple, ce tableau de famille où l'on voit la famille Mozart au grand complet : Wolferl et sa sœur au clavecin, Maman-Mozart, accrochée au mur dans un cadre, et Leo par-devant, tenant un violon baroque, et son archet du même métal... Évidemment, le papa avait tout enseigné à son fils, et le bambin âgé d'une douzaine d'année, jouait lui aussi sur ce type d'instrument... d'ailleurs, et c'est une donnée historique : c'est seulement aux alentours de 1800 qu'on a commencé à transformer les violons du siècle précédent (Amati, Stradivarius, Guarnerius...), et à en rallonger le manche, tandis qu'on faisait l'opération inverse pour les violoncelles... Donc, il devint tout aussi évident que ce violon, on le jouait aussi à l'ancienne dans la manière de conduire l'archet et de produire le son... En effet, rien de plus bizarre qu'un violon baroque sur lequel on essaie de jouer à la manière moderne (oh oui alors !)...

Il y a d'ailleurs à ce propos, cette remarque un peu déçue d'Eugène Ysaÿe (vers 1885), qui avait été autorisé à jouer sur le violon de Pagannini, et qui trouvait qu'il ne sonnait pas... Bien évidemment, s'il avait eu l'occasion de le jouer plus longtemps , il aurait certainement trouvé la manière de le faire sonner, c'est à dire en employant plus de vitesse d'archet que de pression... l'une des différences majeures entre ces instruments et ceux d'aujourd'hui... j'ajoute que, comme j'ai pu le vérifier, ce violon était resté dans son état original (et l'est toujours), avec un manche court... Pagannini avait de grandes mains, qui lui permettaient de faire de grandes extensions, mais encore, son violon lui, était plus court d'un demi centimètre...

Tout naturellement, lorsqu'en 1980 j'acceptai de jouer les 10 sonates de Beethoven en une série de trois concerts, c'était en partant de l'idée : « là au moins, tout est clair, tout le monde sait comment jouer Beethoven ! et je n'aurai pas à me poser de questions… » ... Pourtant, comme disait ma grand-mère(1), il faut se méfier des « tout le monde sait que »...

Ainsi, lorsque j'eus à jouer un trille, une question se souleva : dans cette phrase si proche malgré tout du style de Haydn et de Mozart, devait-on faire un trille à la manière de ceux-ci ou à la manière moderne... et puis, une question en amenant une autre, je me retrouvai finalement à devoir faire autant de recherche pour Beethoven que pour ses prédécesseurs... et effectivement, pas mal de choses avaient changé, au fil du temps... (les trilles oui, mais encore la manière de conduire le son, de modeler les phrases, les vitesses d'exécution, particulièrement des mouvements lents...) Bien sûr, on ne joue pas Beethoven comme Haydn ou Mozart, mais de même, on ne joue pas non plus ceux-ci comme Bach ni comme Rameau, ni même Vivaldi... je décidai donc de faire précéder ces concerts d'une petite conférence... enfin à la manière dont j'envisage généralement ce genre de chose... plutôt cool !

J'ai noté d'ailleurs toutes ces remarques dans deux ouvrages théoriques, l'un plutôt tourné vers la théorie, mais avec le recul de l'histoire : « La théorie musicale démystifiée », l'autre plutôt vers le côté pratique du jeu instrumental sur les « violons », et, comme l'on avait coutume de le faire il y a quelques siècles, j'inclus dans ce terme toute la famille des violons, et même les ancêtres comme le rebec ou la vielle, c'est : « Le violon à tort et en travers ».

Je n'ai pas mentionné à propos de ces travaux, (ce qu'on appelle la musicologie lorsqu'on veut se donner de l'altitude, mais qui devrait faire partie intégrante du travail préliminaire de tout musicien se préparant pour un concert !), qu'ils furent complétés par une recherche sur la facture ancienne. En effet, la lutherie m'ayant toujours intéressé, et, ayant eu souvent sur le chemin du collège, à Rouen, l'occasion de m'arrêter pour regarder derrière sa vitrine, travailler un vieux luthier... puis même ensuite, d'y entrer pour mieux voir, et pour discuter... et comme j'aime le bois et travailler le bois, lorsque je me suis trouvé en Afrique, en particulier l'Afrique du Sud-Ouest, le seul luthier se trouvant à 2000 km, c'était moi qu'on venait trouver pour réparer, restaurer ou seulement régler les instruments... tous les élèves et les profs du conservatoire, mais aussi tous les musiciens amateurs... Et comme c'était une ancienne colonie Allemande, la musique y était florissante, et on y comptait de nombreux musiciens, dont plusieurs quatuors à cordes amateurs qui se réunissaient régulièrement pour jouer... c'était à Windhoek... une capitale, mais une toute petite ville ! et, à quelques centaines de km de là, la ville la plus proche, Swakopmund, une autre petite ville entre mer et désert, et c'était pareil.

Évidemment, lorsque j'ai commencé à me poser des questions sur la musique ancienne, j'ai aussi expérimenté dans le domaine de la facture instrumentale, et j'ai même remis plusieurs de mes instruments dans l'état des diverses périodes de l'évolution depuis le XVIe... et même, plus récemment, en France, j'en ai reconstruit quelques uns, lorsque les originaux n'existaient plus... trouvant un détail par-ci, une forme par-là, lisant beaucoup, et examinant les peintures des époques passées représentant des musiciens et leurs instruments.

Par exemple des Rebecs d'après des statues de saints dans une Cathédrale, et une grande basse de viole à 5 corde Italienne (en fait, plutôt une contre-basse) d'après « Les noces de Cana » de Veronese qui se trouve au musée du Louvre, et puis, une vièle d'archet du XIVe... enfin toutes choses qui m'ont semblées nécessaires pour retrouver le son qu'on pouvait entendre aux diverses périodes, mais sans me spécialiser sur l'une d'elle précisément, car je pense que tout doit être considéré comme un enchaînement, comme une évolution : l'obtention d'une aptitude ou d'une qualité nouvelle, se faisant souvent au détriment d'une aptitude ou d'une qualité abandonnée ou perdue, jugée alors moins importante....

Tout cela fut doublement instructif : pour les instruments, leur forme, leurs réglages apparents, mais aussi pour la manière de les tenir, donc de les jouer, en partant du principe qu'un peintre peut être accusé de fantaisie, mais lorsque tous sont unanimes, il ne peut plus en être question.

Pour le plaisir, ces recherches m'ont même amené un peu hors du domaine purement musical proprement dit, encore que j'aie là-dessus un avis un peu différent, dans la mesure où tout ce qui a trait aux sons fait en effet partie intégrante de la musique... je me suis en effet penché sur la manière de prononcer le Français à différentes époques, et bien sûr, suivant les influences régionales beaucoup plus forte que de nos jours. Évidemment, ce n'est pas de la musique proprement dit, mais cela ressort quand même des sons, des timbres et aussi des intonations, c'est à dire des hauteurs, et lorsqu'un chanteur chante une cantate de Clérambault, s'il prononce comme aujourd'hui les mots du texte ou bien à l'ancienne, la différence est au moins aussi grande que de jouer une pièce de violon sur un hautbois, ou de chanter une mélodie de Fauré en Anglais ou en Italien...

Je me suis même amusé (oui, c'était bien un amusement) au cours d'un concert où je jouais un programme de musique Française du XVIIe pour violon baroque, flûte à bec et clavecin, je me suis amusé donc, à donner des fables de la Fontaine, prononcée de cette façon, avec aussi, bien sûr, la manière déclamatoire poétique du XVIIe (un peu moins extrême que la déclamatoire dramatique)... Ou encore, un programme de poésies de la Pléiade, entrecoupées ou accompagnées d'œuvres de la même époque, les poésies dites bien sûr avec l'accent... ce qui leur donne un côté plus riche, plus savoureux... assez proche en somme mais dans un ordre différent, des vieilles recettes de cette époque, riches en parfums d'Orient : Gaudebillaux, Galimafrées et autres Frigousses...

Autrement, c'est un peu comme d'entendre une pièce de Pagnol sans l'accent de la Provence... Je sais, on les a même traduites en Japonais, et je suppose que c'est mieux que rien... toutefois !...

Donc, toute cette introduction et je m'excuse d'avoir tant parlé de moi... mais après tout, je crois que pour avoir envie de lire un de mes ouvrages théoriques, ou de jouer une de mes partitions, il ne pouvait être inutile de savoir d'abord le chemin parcouru par leur auteur... En outre, comme la plupart des musiques jouées au cours de ces pages sont des pièces que j'ai enregistrées en concert, il vous sera loisible de voir si ce que j'ai à dire peut vous intéresser... donc, bonne visite, et j'espère à bientôt, car ce site est tout neuf, et je compte bien l'augmenter au fil du temps, aussi, si vous l'avez apprécié, surveillez-le...

 

Note(1) Pardon, c'est une manière de dire, car ma grand' mère n'a jamais dit ça.

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Jean-Claude Féret
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